Vers une neuroroéducation des apprentissages
Introduction
Le
cerveau est une machine merveilleuse : il perçoit notre environnement
et s’adapte à ses changements, il pense, il code, il décide, il apprend
et il mémorise, il gère nos émotions et nos fonctions cognitives, il se
trompe et il corrige… Mais, si cette structure biologique a suscité
depuis longtemps l’intérêt de milliers de scientifiques, son
fonctionnement reste finalement peu connu.
Les neurosciences,
disciplines dévouées à l’investigation des mystères du système nerveux,
occupent, aujourd’hui, une place centrale dans les domaines de la
biologie ou de la médecine mais, aussi, au sein de la société.
Comprendre le fonctionnement du cerveau, cet organe caché dans sa boîte crânienne, c’est aussi mieux se connaître soi-même.
Amas
ordonné et harmonieux de cellules spécialisées, le cerveau a, ainsi,
fasciné des centaines de philosophes, sociologues et artistes. Tous les
domaines de la connaissance humaine se croisent dans la compréhension
des secrets du système nerveux.
Depuis les travaux novateurs de
Ramón y Cajal, le père des neurosciences modernes, l’étude du cerveau,
de ses fonctions et de ses mécanismes complexes est, donc, devenue une
priorité et a connu un essor planétaire.
L'exploration
scientifique du cerveau remonte à plus d’un siècle avec cette découverte
des neurones par Ramón y Cajal (1894) et, si l'on considère que les
sciences cognitives sont nées en 1936, avec la machine de Turing, il a
fallu attendre le dernier quart du XXe siècle pour que la science
dispose enfin des outils et moyens d’analyses et d’investigations qui
lui permettent de commencer à comprendre l’organisation et le
fonctionnement global de cet extraordinaire organe qu’est le cerveau
humain.
Il faut signaler l'avancée remarquable qui vient d'être
réalisée par des scientifiques américains de l’Université de Washington.
Ceux-ci ont réussi à décoder les signaux du cerveau à peu près à la
vitesse de perception, via des électrodes placées dans les lobes
temporaux de patients (épileptiques). L'analyse des réponses des
neurones des patients, à deux types de stimuli visuels, des images de
visages et des images de maisons, a permis aux scientifiques de prédire
avec 96 % de précision, le type d’images visionnées par les patients
(Voir PLOS). Cette étude précise qu’il s’agit de « La première étape
vers la réalisation d’une cartographie du cerveau qui permettrait
d’identifier en temps réel à quel type d’information un sujet est en
train d’accorder son attention ». Autrement dit, ces recherches rendent
envisageable la conception d’une machine qui pourrait « lire » dans nos
pensées…
On voit, donc, que la frontière scientifique et
technologique qui sépare le concept de cerveau "réparé" de celui de
cerveau « augmenté » s’estompe à mesure qu’apparaissent de nouveaux et
puissants outils permettant de combiner des effets physiques,
biologiques et chimiques, qui agissent en profondeur sur le
fonctionnement de notre cerveau et peuvent en modifier durablement le
fonctionnement et les capacités.
Face à ces avancées scientifiques
vertigineuses dans la connaissance de notre cerveau mais également dans
notre capacité d’action sur cet extraordinaire organe, nous devons
veiller à ne pas céder à la tentation de mettre en oeuvre de nouvelles
et redoutable formes d’eugénisme ou de contrôle social. Mais, si nous
parvenons à éviter ces dérives possibles, grâce à un cadre législatif
approprié et à une réflexion éthique collective, nous pourrons
poursuivre cette exploration exaltante de notre cerveau qui recèle
encore bien des mystères. Peut-être atteindrons-nous, alors, le niveau
de l’"intelligence planétaire" qui ouvrira à l’Humanité une ère nouvelle
?
Ces avancées de la neurobiologie, de la technologie et des
sciences cognitives, ouvrent, donc, des perspectives scientifiques et
médicales qui auraient été encore inimaginables il y a à peine dix
années. Cela dit, devant ces vertigineux progrès de la "neuronique" et
alors que nous commençons à réaliser des robots d'une humanité
troublante, nous devons, plus que jamais, veiller à ce que ces
interfaces bioniques ne puissent jamais être utilisées pour transformer
les hommes en robots...!
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