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Bonjour les dys et les personnes les entourant.
Comme promis je vous envoie mon témoignage de Dys.
Je m’appelle Séverine Souchon de Lyon, je suis née en 1979, j’ai 38 ans.
Quand j’étais petite je cumulais les soucis : laryngite, rhinopharyngites et otites à répétition.
A trois ans : retard de langage, otite chronique bilatérale.
A trois ans et demi : bilan ORL pavillon U,HEH : otite séreuse bilatérale et surdité partielle (35/49 dB décibels)
J’ai été opérée sous Anesthésie Générale : Adénoïdectomie (ablation des végétations)
A partir de 4 ans récupération du langage, tympanométrie normale et audition à peu près normale. J’étais suivie au Centre Médico-Psychologique par un Psychiatre et une psychomotricienne.
De 4 à 6 ans, j’ai alterné rhinopharyngites, otites et conjonctivites.
A partir de l’âge de 5 ans j’ai fait du poney et du ski.
A 6 ans entrée au CP (école primaire publique du centre ST Foy lès Lyon)
A 7 ans redoublement du CP.
Récidive d’otite séreuse
Bilan à HEH pavillon U (ORL) : scanner cérébral normal , Dr X phoniatre et Dr Paule Eymard psychiatre. Début de l’orthophonie Mme Béziat ( diagnostic de dyslexie-dysorthographie et de troubles psychologiques) et suivi par un psychiatre le Dr Badra.
En CE1 changement d’école ( Ecole Ste Ursule ST Marc) .Changement d’orthophoniste car Mme Béziat quitte Lyon. Remplacée par Mme Cornet. Je continue en CE2, CM1 et CM2.
J’ai essayé le piano pendant une année scolaire , mais le solfège pour une dyslexique c’est du chinois.
A 11ans je change de psychiatre : Dr Josette Ramel pour une psychothérapie pour phobie scolaire .
A 12 ans Collège Saint Louis de la Guillotière St Marc : 6ème et 5ème
A 12 ans bilan ORL pavillon U Dr Collet (absence bilatérale de fonctionnement du système efférent cochléaire, sans étiologie connue).
Test d’écoute, oreille électronique, orthophoniste Natacha Popoff.
Stage au GER éducation pour une autre méthode de travail.
A 14 ans collège Saint Louis-Saint Bruno à la Croix rousse : 4ème d’aide et de soutien (sans 2ème langue étrangère), puis 3ème techno.
Je refusais de continuer l’orthophonie et la psychothérapie.
J’avais un monsieur qui venait m’aider le soir pour les devoirs et leçons.
L’été de cette année j’ai commencé à déprimer et à avoir des troubles du comportement. A 15 ans j’étais très dépressive et j’ai été suivie par le Dr Max Lafont.
J’ai refait ma 3ème au Centre de Soutien Scolaire Lyonnais à Saint Georges Lyon 5eme (classe à effectif réduit). Cette année-là j’ai fait un Stage d’observation à l’Hôpital gériatrique Antoine Charial à Francheville.
Les orthophonistes me donnaient des techniques afin que je progresse. Je me trouvais nulle de ne pas arriver à apprendre à lire comme tous les autres. En dictée, je faisais des fautes d’orthographe à chaque mot. Une fois j’ai eu une orthophoniste qui n’était pas du tout psychologue. Elle me tenait des propos désagréables. Elle faisait des séances, en ne me disant que des mots négatifs.
Je mélangeais les mots et les lettres, je tenais mal mon crayon, je mélangeais les sons dans les mots. Rien que de lire me fatiguais, sans parler de comprendre ce que je lisais et je changeais un mot par un autre car ils se ressemblaient, je les retournais et je les changeais de place.
J’orthographie mal les mots, même ceux que je vois souvent, et ce, malgré une correction répétée et même si je les copie d’un livre. J’efface souvent ou fait des ratures sur les mots.
J’avais du mal à m’orienter dans l’espace. J’avais du mal à mémoriser des tables de multiplication que ma grand-mère paternelle tentait de me faire apprendre en chanson. J’avais du mal aussi avec les divisions et les fractions longues. Je n’arrivais pas à mémoriser les informations abstraites et les faits scientifiques. j’avais du mal à estimer le temps pour faire les choses. j’avais du mal à retenir le déroulement de ma journée de cours et mon agenda était un vrai Picasso. J’avais du mal à me concentrer.
Ma mère me disait que des dyslexiques célèbres avaient du talent, comme Mozart ou Einstein, et malgré leur différence ils étaient dotés de grands talents. Mais moi, je n’avais pas de talent !
J’ai entendu : je suis fainéante, folle, bête. On me forçait à recopier. Je n’arrivais jamais à bien à lire et à écrire. Cela ne servait à rien de me remontrer l’orthographe. Certains professeurs ne tenaient pas compte de mes difficultés d’écriture, par exemple en mathématique.
Mais une prof ne me notait que les mots justes et je tombais alors dans un système positif, avec de plus en plus de mots justes.
En 1997 à 17 ans, je suis rentrée à la Maison Familiale Rurale de Mornant en Forez dans la Loire pour un BEPA 1ère année activités hippiques en alternance : stage à la ferme équestre de la Rivière à Saint Symphorien sur Coise (20 semaines). Mais j’ai compris que j’aimais l’équitation comme loisir et non pour travailler.
Donc, j’ai intégré la MFR de Saint Laurent de Chamousset BEPA Aide aux personnes :
Stage en gériatrie, service d’animation, à l’Hôpital Pierre Garaud. Mais la formation était tournée vers le tourisme et je voulais aider.
A 18 ans, après avoir fait une fugue, j’ai été hospitalisée en clinique psychiatrique pour un traitement et à ma sortie j’ai été suivi par le psychiatre le Dr Max Lafont.
Puis j’ai intégré le Cour d’Ainay Lyon 6ème dans une classe de 2de à effectif réduit.
J’ai fait un stage à l’hôpital de Sainte Foy lès Lyon en gériatrie. J’ai repris les séances d’orthophonie avec Mme Chevaux.
J’ai retrouvé cette lumière en moi et je tente de la redonner aux autres, pour partager cette espérance, et montrer que l’on peut s’en sortir.
L’année d’après, en 1998, j’ai trouvé ma voie en rentrant à la MFR de Marlhes dans la Loire pour un BEPA Aide aux personnes 1re année et 2ème année. J’ai passé mon Attestation de Formation de Premiers Secours.
J’ai eu à ce moment-là ma première vie de couple dans le Beaujolais vert.
J’ai poursuivi en étant à la MFR la Palma l’Arbresle à l’annexe de Bully en 1ère
année de BTA Services aux personnes en milieu rural, en alternance. J’ai passé mon Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur. Mais j’ai arrêté la deuxième année, en février pour rentrer à l’école d’aide-soignante.
En 2003, j’ai obtenu mon diplôme d’Aide-soignante à Lyon à l’institut St Luc Saint Joseph. J’ai passé l’écrit final avec un tiers temps que j’avais demandé et obtenu sur dossier. J’étais seule dans un petit bureau du DAVA avec un surveillant derrière moi qui a regardé dans ma trousse pour voir si je n’avais pas d’antisèche !
Après j’ai travaillé en CDD à l’Hôpital gériatrique d’Amplepuis 1 mois et en CDD à l’Hôpital gériatrique de Cours la Ville 1 mois. En fin d’année, j’ai signé mon CDI au Foyer d’accueil Médicalisé de l’ADAPEI de Monsols. A ce moment-là ma vie privée été mouvementée : séparation, seule, puis nouvelle rencontre et mariage….
En 2009 j’ai passé une Validation des Acquis de l’Expérience pour obtenir le diplôme d’Aide Médico Psychologique, avec 24 heures d’accompagnement avec le DAVA de Lyon sur mon temps personnel et financé en direct par UNIFAF (l’organ
isme pour lequel l’ADAPEI cotise) car la structure m’a refusé le financement.
Grâce à mon temps de bénévolat au Secours Catholique de Beaujeu (soirée, week end sur mon temps personnel), j’ai obtenu mon diplôme dès mon premier passage devant le jury et grâce au dossier que j’avais réalisé avec des personnes qui m’ont corrigé. Mais le FAM de Monsols a refusé de me changer de statut. Après mon divorce j’avais aussi besoin de changer d’environnement de vie et de me rapprocher de Lyon.
En 2013 j’ai changé de structure et je suis rentrée à la Maison d’Accueil Spécialisé la Jolane à Meyzieu, en tant qu’ AMP, sur ma demande pour un changement de statut et un rapprochement familial. Le changement s’est fait en un mois. J’ai déménagé dans le premier appartement trouvé, puis j’ai re déménagé lorsque j’ai été certaine de rester à Meyzieu. J’ai rencontré mon conjoint actuel qui m’a encouragé à finaliser mon projet d’évolution professionnelle.
En 2016, j’ai obtenu le diplôme de Moniteur Educateur par VAE, en deux ans :
La première année j’ai validé 2 modules avec un accompagnement de 24 heures du DAVA sur mon temps et financement personnels et les deux autres modules avec un accompagnement individuel de 12 heures sur temps et financement personnels avec deux semaines de stage dans un accueil de jour sur mes vacances.
Voilà mon parcours scolaire et de vie. Je rajouterai que, bien que j’ai trouvé ma voie dans l’aide aux personnes, il faut savoir que les collègues ne sont pas forcément plus tolérantes sur l’orthographe et les écrits. A chaque changement d’équipe et de personne je dois expliquer ma difficulté car il nous arrive de travailler sur mes écrits spontanés que je n’ai pas le temps de relire ou d’écrire doucement. Là encore j’ai du expliquer ce qu’est la dyslexie- dysorthographie par des raisonnements et des explications pratiques. Ce qui n’a pas empêché des personnes de me critiquer, de montrer mes écrits à d’autres personnes que je ne connaissais pas… Mais après, ces mêmes personnes sont celles qui reconnaissent que mes écrits sont utiles, car bien que je fasse encore des fautes, mon analyse est souvent pertinente et étoffée. Alors qu’elles n’ont pas de difficultés elles écrivent moins et arrivent moins à prendre du recul et d’analyser de cette façon.
Malgré le fait que je sois en train de m’entrainer à écrire avec un logiciel spécifique qui est Médialexie que mes parent m’ont acheté à Noël dernier, je me fais relire et corriger quand j’ai le temps. J’ai aussi repris des séances d’orthophonie pour adultes car depuis que j’ai arrêté le suivi orthophoniste, des progrès ont été fait pour aider les dyslexiques et cela, même en situation d’emploi. Au cours du bilan elle a diagnostiqué un problème de vue et
j’ai du faire une dizaine de séances d’orthoptie avant le début de la rééducation.
Je vous souhaite une belle vie de dys, car en connaissant vos difficultés vous pouvez en faire une force et ça se passe bien ! A vous de jouer !
Message édité par : Freddys / 09-02-2018 10:02
Bonjour Séverine
Je salue ton courage, l'envie de faire quelque chose de ta vie, de te servir de ton expérience pour aider les autres.
Cette envie est passée par le job d'aide soignante pour soigner le corps et tu as eu envie d'aller plus loin en soignant l'esprit en tant qu' éducatrice , c'est bien là, la puissance de l'inconscient.
Tu peux être fière de ce que tu as fait et fait encore malgré tous les obstacles que tu as eu depuis ta naissance .
Personne n' a posté sur ton sujet , mais il a du être lu les yeux écarquillés de surprise, d'envie, d'admiration ,avec chez certaines personnes une pointe de culpabilité, de remords et une pointe de jalousie, qui fait qu' on en reste bouche bée et doigts bloqués.
Félicitations pour tout ce travail accompli et bonne continuation
Pour être Dys, il faut en avoir dans le cerveau, en fait il y est à l’étroit