Nos apprentissages sont loin. Nous ne nous rappelons plus cette très riche expérience. Et même beaucoup d'enseignants n'ont plus aucune conscience de leur approche, de leur appréhension, de leurs hésitations, de leurs difficultés quand ils étaient en CP. Pourtant cette connaissance est primordiale quand on veut aborder les apprentissages scolaires.

Cette première expérience engage tout l'avenir. Elle doit donc être excellente. Je dis souvent que les enseignants devraient se remettre à un nouvel apprentissage pour voir comment ils fonctionnent. Le mieux c'est de faire vous-même une expérience pour comprendre. Sur votre clavier vous tapez avec deux doigts ? Essayez donc d'être aussi rapide avec vos 10 doigts. Vous prendrez conscience des difficultés. Modifier une pratique c'est extrêmement difficile.

Maintenant mettez-vous dans la peau d'un enfant. Vous mesurerez ce que vit un enfant en difficulté. Vous prendrez peut-être conscience de la nécessité d'une bonne pédagogie dès le départ.

Quand j'étais enseignant je ne pouvais pas admettre que des enfants ne puissent pas lire avec fluidité. Mais où ça bloque ? J'ai beaucoup de mal à accepter le handicap. Alors j'ai cherché et j'ai trouvé comment les aider. Bien sûr je les prenais individuellement. Mais pourquoi ? Parce que je croyais en eux.

Quand je vois un enfant en difficulté de lecture, une des premières questions que je lui pose : est-ce que tu donnes parfois la réponse d'un problème sans pouvoir expliquer ton cheminement ? C'est typique d'un type de fonctionnement. Ces personnes ont des problèmes avec l'apprentissage de la lecture si stress, pression , mauvaise méthode. C'est en amont qu'il faut agir.

Si on veut du bien à l'enfant on lui permet de mettre en œuvre toutes ses capacités. Proposer l'ordinateur pour écrire, c'est ne pas croire en lui. Au même titre que de considérer qu'il ne pourra pas lire. C'est avoir la même attitude que ces enseignants qui baissent les bras devant les difficultés de lecture des enfants. Il faut d'abord tout faire avant de tirer de telles conclusions. Pas de fuite en avant !

Il y a quelques années à la fac je disais lors d'un cours ; c'est facile de voir où se situent les problèmes. Il suffit de faire des enquêtes sur les résultats de l'apprentissage de la lecture dans les écoles. L'enseignante avait levé les bras au ciel « Et les syndicats » ? Nous y sommes : les vraies questions ne sont jamais posées.

Et si je ne joue pas bien au foot, si je n'arrive pas à coordonner mes deux mains à l'accordéon, je n'irais pas voir un médecin , ni un neurologue sauf lésions, problèmes médicaux, etc... Le problème se situe peut-être ailleurs puisque l'apprentissage se passe mieux avec certains enseignants ! Dans bien des domaines notre réussite est liée à de bons enseignants. Il faut avoir une vision de la progression de sa méthode. Il faut de bons pédagogues.

Dans cet échec l'école maternelle a peut-être une responsabilité ? A quel âge fait-on écrire leur nom aux enfants ? Quelle pression ! Quel stress ! Mais ce ne sont pas les enseignantes de maternelles qui décident des programmes. Et les parents ne mettent-ils pas parfois la pression ? Autrefois un gamin n'avait généralement pas un crayon entre les mains avant 6 ans. N'y a-t-il pas à chercher de ce côté-là ?

Joray