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Bonjour à tous.
Lucie Lefranc est une jeune dyspraxique de 22 ans qui diffuse une pétition dont j'ai mis le lien ci-après. En résumé, cette pétition a pour objectif d'obtenir, d'une part, une aide financière pour les personnes atteintes de troubles dys pour une réelle équité à la réussite de l'examen du permis de conduire (dans le cadre tant des apprentissages du code et de la conduite que lors des épreuves théorique et pratique) et, d'autre part, une formation des moniteurs à ces mêmes troubles. En ce qui me concerne, j'ai signé, parce que les troubles dys, ça n'arrive pas qu'aux autres. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis maman d'un jeune garçon de bientôt 17 ans, dyslexique, dysorthographique, dyspraxique et dysgraphique. Je sais la véritable situation de handicap vécue au quotidien par celui-ci. Oui, certains handicaps sont invisibles, et bien souvent, du fait de leur invisibilité (la dyspraxie en est un exemple particulièrement criant), ils sont incompris, voire niés. Sur ce point, je ne vous apprends rien, malheureusement.
Un grand merci à Lucie Lefranc qui est à l'initiative de cette pétition, porte-parole de nos enfants, de nos jeunes, qui pourraient avoir besoin de recourir un jour à l'usage de ces dispositifs pour la passation du permis de conduire.
Merci de m'avoir lue.
mimi298.
In extenso :
"Pétition adressée à Ministre des Affaires sociale, de la Santé et des Droits des femmes Marisol Touraine et 1 autre
Le droit au permis de conduire pour les jeunes handicapés, atteints de troubles « dys »
Le permis de conduire pour les dys
Aujourd'hui en France, passer son permis de conduire est une entreprise difficile financièrement pour beaucoup de jeunes.
Il y a pourtant des jeunes adultes pour lesquels obtenir ce sésame est encore plus compliqué que pour les autres : ceux qui souffrent de dyspraxie.
La dyspraxie est un handicap cognitif invisible qui touche environ 3% de la population . C'est un Trouble de l'Acquisition de la Coordination (TAC) Il est causé par un dysfonctionnement de la mémoire procédurale . La mémoire procédurale, c'est cette partie du cerveau qui vous permet de coordonner, d'apprendre et d'automatiser la plupart de vos gestes du quotidien, comme faire vos lacets, boutonner votre veste, nager, écrire, attraper un ballon, faire du vélo...ou conduire une voiture !
Un dysfonctionnement de cette partie du cerveau va donc provoquer de grandes difficultés pour tous ces actes qui vous paraissent simples.
En effet :
Les gestes appris ne sont pas « automatisés » ou s'automatisent mal, malgré un apprentissage régulier.
Les gestes demandent une grande concentration. La personne dyspraxique est obligée de réfléchir à TOUS ses gestes.
Cela provoque de la lenteur et de la fatigue.
De plus, la dyspraxie s'associe parfois à d'autres troubles, ce qui multiplient nos difficultés(problèmes de vue, dyslexie, dysgraphie,dyscalculie, troubles de l'attention,autisme...etc)
Dans ces conditions, apprendre à conduire est un véritable parcours du combattant ! Si le succès est possible pour la plupart des dyspraxiques, acquérir les automatismes de la conduite est néanmoins beaucoup plus long et difficile que pour une personne « normale ». Il nous faut souvent suivre beaucoup plus de leçons que la plupart des jeunes et essuyer plusieurs(nombreux) échecs avant de réussir, . Une étude de l'association Dyspraxie France Dys a montré que seulement 13% des dyspraxiques réussissaient le permis et le code du premier coup. En revanche, 28% d'entre eux ont besoin de passer le code entre 2 et 4 fois ET le permis plus de 5 fois avant de réussir ! Et 19% renoncent avant l'obtention du code !
En tout, rien que pour passer le code, plus de la moitié des jeunes "dys" ont besoin de 30 heures de cours, et certains, plus de 70 heures !
Face à ces difficultés, un groupe de jeunes adultes « dys » et leurs parents ont décidé de s'entraider via un groupe Facebook : Le permis de conduire pour les dys. J'en fais partie puisque je suis moi-même une étudiante dyspraxique de 22 ans. Grâce à cet espace d'échange, nous pouvons partager nos difficultés, nos astuces pour progresser, demander de l'aide à d'autres personnes directement concernées... etc.
Mais cela ne suffit pas... Aujourd'hui, nous sommes face à un problème majeur :
En effet, étant donné qu'à cause de notre handicap, nous devons prendre un nombre de leçons largement supérieur à la moyenne,le permis nous coûte aussi beaucoup plus cher ! Conséquence : Cette dépense engendre un véritable préjudice financier pour les dyspraxiques et leurs familles ! La Maison Départementale des Personnes Handicapées nous aide très rarement car, en général, la dyspraxie n'est pas jugée "assez grave" pour justifier d'une aide financière au permis de conduire.
Pour beaucoup, c'est donc un véritable mur qui s'oppose à leur prise d'autonomie ! A tel point que certaines personnes doivent attendre d'avoir un revenu fixe avant d'envisager le permis car elles savent qu'elles devront payer un très grand nombre de leçons avant de l'obtenir et n'ont pas les moyens de financer cette dépense. C'est mon cas et cela retarde considérablement mon indépendance. A cause de cela, j'ai du mal à poursuivre mes études supérieures ou à quitter le nid familial, faute d'une mobilité suffisante.
De plus, si nous avons tant de difficultés, c'est aussi parce que les examens du code de la route et du permis de conduire ne sont pas adaptés à notre handicap.
En effet:
- La plupart des moniteurs d'autos-écoles ne connaissent pas la dyspraxie. Ils ne savent donc pas comment nous aider à progresser.
Nous avons donc souvent du mal à obtenir les aménagements nécessaires à nos besoins, (Le droit d'utiliser un ordinateur ou une tablette adaptée, temps supplémentaire pour répondre aux questions, explications particulières du moniteur, possibilité d'être seul dans une salle, boîtier automatique... etc)
Nous sommes jeunes, nous avons envie que cela change. Nous voulons pouvoir nous déplacer comme n'importe quel citoyen. Nous voulons pouvoir tenter notre chance à l'examen du permis de conduire, comme tous les autres, sans être freinés par le handicap. C'est pourquoi nous avons décidé de prendre les choses en main.
Nous interpellons donc Mme Ségolène Neuville et Mme Marisol Touraine afin que deux mesures prioritaires soient prises dans les plus brefs délais :
-->Mise en place d'un forfait fixe aménagé par l’État afin que les personnes atteints de troubles « dys » reconnus par la MDPH puissent passer leur permis sans craindre de se ruiner à cause de leur handicap !
-->Organisation de formations obligatoires dans les autos-écoles pour sensibiliser les moniteurs aux « troubles dys »
Cette pétition sera remise à:
Ministre des Affaires sociale, de la Santé et des Droits des femmes
Marisol Touraine
Ségolène NEUVILLE"
mimi298.